L’oeuvre pour piano de Frank Bridge s’étale de 1905 à 1928 dans une diversité qui reflète l’évolution du style du compositeur. Sans retenir des cycles entiers, je me suis intéressé, pour le trio flûte, alto et harpe, à la transcription de pièces qui évoquent toutes une figure féminine.
Ces portraits de Franck Bridge rendent hommage à des femmes de caractère. Certaines, même, ne manquent pas de piquant. Princess (1917), première pièce de la « Fairy tale suite », retient le rythme d’une valse gracieuse et ouvragée comme une porcelaine, mais de manière plus elliptique. Les sonorités suspendues dans l’aigu donnent une grâce irréelle. Mentionnons les paillettes brillantes de la harpe qui exigent quelques 148 changements de pédales.
Le délicat chromatisme du premier thème est à ce prix. Comme un double chromatisme peut poser des problèmes dans la parties de harpe, dès l’instant qu’il sollicite le même pied, j’ai pris la décision de modifier deux harmonies peu avant la reprise du premier thème. Rosemary (1906), Columbine (1912) et Nicolette (1925) complètent un ensemble de transcriptions pour flûte, alto et harpe dans lequel l’écriture de Bridge change beaucoup.
Ces pièces sont également éditées aux éditions Aedam Musicae. Afin de parvenir à trouver une écriture spécifiquement adaptée à la harpe, j’ai été conseillé par Véronique Chenuet, harpiste du Trio Mélusine et dédicataire de cette transcription. Le Trio Mélusine a enregistré quatre pièces de Bridge aux côtés d’oeuvres de Zemlinsky, De Falla, Mel Bonis et Nazareth, dans un CD consacré à mes transcriptions. Toutes les partitions du CD sont disponibles chez le même éditeur.
Gérard Chenuet