L’oeuvre pour piano de Frank Bridge s’étale de 1905 à 1928 dans une diversité qui reflète l’évolution du style du compositeur. Sans retenir des cycles entiers, je me suis intéressé, pour le trio flûte, alto et harpe, à la transcription de pièces qui évoquent toutes une figure féminine. Ces portraits de Franck Bridge rendent hommage à des femmes de caractère. Certaines, même, ne manquent pas de piquant. Colombine (1912), extrait de « Trois pièces pour piano », est une valse élégante.
La pièce s’inscrit dans une narration ouverte par une introduction (Il était une fois…) et close par une conclusion apparentée (C’était l’histoire de…), mais la légèreté de propos qui domine est brusquement mise à mal par un épisode ombrageux développé dans une harmonisation typiquement wagnérienne. Le trio est alors sollicité dans une expression diamétralement opposée à celle du début. Le trio flûte, alto et harpe est une formation bien connue pour l’équilibre qu’elle offre entre les différents timbres. On peut aussi jouer Colombine avec le saxophone alto en conservant à l’identique les parties de flûte et de harpe.
Cette formation insolite s’accorde bien avec la pièce de Franck Bridge. Afin de parvenir à trouver une écriture spécifiquement adaptée à la harpe, j’ai été conseillé par Véronique Chenuet, harpiste du Trio Mélusine et dédicataire de cette transcription. Le Trio Mélusine a enregistré quatre pièces de Franck Bridge, dont Colombine, aux côtés d’oeuvres de De Falla, Mel Bonis, Zemlinsky et Nazareth, dans un CD consacré à mes transcriptions. Toutes les partitions sont disponibles chez le même éditeur.
Gérard Chenuet
