Livre : La musique dans les récits fantastiques du romantisme français de Stéphane Lelièvre
Livre : La musique dans les récits fantastiques du romantisme français

 

 

Feuilleter
Coll. Musiques-XIX-XXe siècles

Titre(s) : La musique dans les récits fantastiques du romantisme français
Auteur(s) : Stéphane Lelièvre
Nombre de pages : 376 pages
Format : 18 x 24 cm (ép. 2.9 cm) (694 gr)
Dépot légal : Juin 2015
Cotage : AEM-145
ISBN : 978-2-919046-11-9

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Les récits rassemblés dans cette anthologie partagent une double caractéristique : tous écrits entre 1830 et 1850, ils intègrent et mêlent dans la narration deux éléments particuliers, le fantastique et la musique. Cette co-présence, qui se lit en amont dans certains mythes antiques et s’observera également par-delà le romantisme, n’aura pourtant jamais été à ce point remarquable qu’en ces deux décennies. Le fantastique appelle l’élément musical, tout comme la musique impose la tonalité fantastique, cette union féconde permettant l’avènement d’un genre particulier : le récit fantastico-musical.

Ces textes rappellent la dette du romantisme français envers l’Allemand E.T.A. Hoffmann (1776-1822), musicien, dessinateur, décorateur et écrivain, auteur des Fantaisies dans la manière de Callot, des Contes Nocturnes ou du Chat Murr. Ils permettent également de mettre au jour une conception de la musique typique de cette première moitié du XIXe siècle français, mais aussi d’évoquer le souvenir d’auteurs oubliés (Samuel-Henry Berthoud, Raymond Brucker, Théophile de Ferrière, Frédéric Mab), de découvrir certains textes peu connus d’auteurs célèbres (Histoire du rêveur et Carl de George Sand), ou encore de redécouvrir certaines œuvres plus célèbres dans leur version première : celle de leur publication en revue, avant la parution en volumes (La Cafetière de Théophile Gautier, ou La Femme au collier de velours d’Alexandre Dumas).

Dans L’Alchimie fantastique, chacun de ces récits est précédé d’une introduction qui propose une analyse du texte et le met en perspective avec l’œuvre de l’auteur et le contexte historique et artistique de l’époque.

Emilie PEZARD, Studi francesi, LX/III (settembre-dicembre 2016) :

"Il faut saluer le choix qu’a fait Stéphane Lelièvre de proposer les textes tels qu’ils ont été publiés pour la première fois, le plus souvent dans des revues : même les récits plus connus du lecteur présentent ainsi un intérêt nouveau, et l’anthologie peut vraiment donner à lire ce qu’était « le récit fantastico-musical » dans les années 1830 et 1840. [...] les textes recueillis ont tous le mérite de présenter un aspect spécifique, souvent inattendu, du fantastique à l’époque romantique et des significations que revêtait alors la musique. [...] Stéphane Lelièvre rappelle que ce n’est que progressivement, au fil du XIXe siècle, que s’est imposée l’idée d’un fantastique intimement lié à l’effroi ou au malaise: à l’époque romantique, le fantastique est encore le jumeau sémantique de la fantaisie, et désigne « le fait de vivre une expérience inédite, faisant éprouver des émotions littéralement surhumaines, qu’elles génèrent un plaisir intense – ou un inquiétant vertige » (p. 13). [...] L’anthologie donne ainsi à retrouver l’unité complexe de la veine fantastique telle que le romantisme français l’a héritée de Hoffmann, figure tutélaire qui domine tous les récits recueillis. [...] Outre le choix du sujet et des textes, il faut saluer l’exceptionnelle richesse de l’appareil critique, qui fait de cette anthologie non seulement une source primaire cruciale pour l’étude du romantisme, mais aussi un volume d’informations et d’analyses dont la qualité ne cesse d’impressionner le lecteur. [...] Cette richesse de l’appareil critique, l’intérêt des textes qui sont compilés – tant du point de vue de l’écriture que de l’histoire littéraire ou des représentations de la musique –, les analyses précises et limpides de Stéphane Lelièvre font de cette anthologie un ouvrage que liront avec grand plaisir aussi bien les universitaires que les amateurs cultivés. Notons enfin, pour le louer, le beau travail effectué par la maison d’éditions castro-gontiérienne Aedam Musicae : le volume souple, aux larges pages et à l’impression impeccable se caractérise autant par le confort de lecture qu’il offre que par son élégance."

Revue italienne Rassegna Studi francesi, LX/III (settembre-dicembre 2016)  Émilie Pézard

Benoît FAUCHET, Diapason n° 650 :

"Au seuil des années 1830, la France romantique s'enthousiasmait pour le récit fantastico-musical, sous l'influence d'E.T.A. Hoffmann (1766-1822). C'est cet engouement que met en perspective le travail de Stéphane Lelièvre, maître de conférences en littérature comparée et spécialiste de l'écrivain allemand, à travers quatorze textes de fiction reproduits in extenso et commentés par ses soins. [...] Tout au long de cet épais volume, des écrivains célèbres (Théophile Gautier, Alexandre Dumas), d'autres beaucoup moins (Samuel-Henry Berthoud, Raymond Brucker, Théophile de Ferrière...) exploitent la veine surnaturelle de la thématique musicale au travers de récits de qualité inégale - les présentations savantes et approfondies dont les accompagne Stéphane Lelièvre sont, elles, d'un intérêt constant. [...] Ce livre nous transporte de découvertes en énigmes, ce qui n'est pas la moindre de ses vertus".

Emmanuel REIBEL, Revue de musicologie, tome 102, n° 1, 2016, p. 209-211 :

"Stéphane Lelièvre connaît bien l'univers des récits fantastiques et musicaux de la France romantique pour avoir écrit une thèse sur la réception d'Hoffmann en France. Ce volume en constitue une sorte de supplément, rassemblant un florilège de textes d'esprit hoffmannien, annotés et précédés de substantielles notices de présentation. L'idée en est excellente car la publication de ces contes a lieu aujourd'hui le plus souvent au sein d'ensembles monographiques qui ne permettent pas de mettre au premier plan la thématique musico-fantastique ni de faire ressortir la profonde cohérence de l'imaginaire musical de cette période ; le projet permet de surcroît d'écarter certaines fictions bien connues et souvent rééditées (Gambara de Balzac, Euphonia de Berlioz) au profit de textes plus rares, voire oubliés, qui prennent sens au coeur de cet ensemble. [...] C'est [...] toute une représentation du monde, dont la musique constitue la pierre angulaire, que fait ressortir cette anthologie littéraire soigneusement éditée. [...] une annotation précise et des notices offrant de nombreuses pistes d'interprétation [...] feront de ce volume une anthologie de référence et un régal de lecture pour tous les amoureux du romantisme musico-littéraire."

Vincent GIROUD, NonFiction.fr :

"[...] La réception française d’Hoffmann a donné lieu à de nombreux travaux universitaires depuis la thèse de Pierre-Georges Castex, Le Conte fantastique en France de Nodier à Maupassant (1951) et celle d’Élisabeth Teichmann, La Fortune d’Hoffmann en France (1961). Stéphane Lelièvre a pris récemment la relève de ses grands devanciers, avec une thèse sur Musique et littérature dans l’œuvre de Hoffmann, soutenue en 2008 et actuellement en cours de publication chez Garnier. Il connaît donc le sujet aussi bien que personne aujourd’hui. Le livre qu’il vient de publier chez Aedam Musicae est à la fois un essai, admirablement documenté et référencé, et une anthologie de textes d’autant plus précieuse que certains sont difficiles d’accès. Une première partie, « Aux frontières du fantastique : récits étranges et merveilleux », s’ouvre avec l’Histoire du rêveur de George Sand, écrite en 1830 mais publiée pour la première fois, et de façon incomplète, en 1925. Elle se poursuit avec des nouvelles de Jules Janin (Hoffmann et Paganini, L’Homme vert), Théophile Gautier (La Cafetière, Le Nid de rossignols), Samuel-Henry Berthoud (Trois hommes : aventure allemande), Théophile de Ferrière (Brand-Sachs), pour se terminer avec le Carl (1843) de Sand, qui contrairement à l’Histoire du rêveur n’est pas seulement une curiosité mais un authentique chef-d’œuvre, dont Stéphane Lelièvre souligne à juste titre les aspects homoérotiques. [...] Si les Français se haussent rarement à la hauteur d'Hoffmann lui-même, la confrontation de ces imitations n'est pas moins instructive et permet de mieux comprendre tout un pan de l'imaginaire romantique."

Hugo PAPBST, Classiquenews.com :

"[...] Outre leurs qualités oniriques véritablement captivantes par un imaginaire imprévu, la plupart des textes précisent aussi le portrait de la société et du goût d’une époque qui a passé la Révolution et l’idéal impérial de Napoléon… de l’ivresse des Lumières au noir ténébreux fantastique. Pour certains, il s’agit d’énièmes diableries divertissantes, variations sur le thème fantastique et semi terrifiant pour épater la galerie au début de la Monarchie de juillet ; pour d’autres comme Janin, il s’agit de joyaux littéraires à relire d’urgence. [...] Des auteurs méconnus sont dévoilés dans la force et la puissance de leurs évocations ténues entre fantastique et lyrisme musical à l’Opéra ou dans les cercles plus intimes des salons de musique, fréquentés par la bonne société bourgeoise avide de reconnaissance [...] Ainsi sont réestimés Samuel-Henry Berthoud, Raymond Brucker, Théophile de Ferrière, Frédéric Mab, Jules Janin (dont le superbe récit L’Homme vert de 1834, absolument incontournable), de découvrir certains textes peu connus d’auteurs célèbres (Histoire du rêveur et Carl de George Sand), de relire des textes fameux mais dans leur version originelle : à l’époque de leur publication en revue, avant la parution en volumes (La Cafetière de Théophile Gautier, La Femme au collier de velours d’Alexandre Dumas). [...] Florilège incontournable, de surcroît pour chaque auteur, magnifiquement éditorialisé, parfois complété par un choix iconographique très juste, comme en couverture Le songe de Tartini de Boilly de 1824 : illustration emblématique de l’assimilation du violoniste inspiré par le diable… La présentation, le choix des récits, la qualité et la pertinence des commentaires d’introduction et d’analyse (dont une remarquable préface contextualisante) accréditent l’intérêt de la présente publication."

L'Alchimie fantastique a reçu la distinction "CLIC", coup de coeur de la rédaction de classiquenews.com

Frédéric GAUSSIN, La Lettre du musicien, n° 467, septembre 2015 :

"l'auteur, spécialiste d'E.T.A. Hoffmann, a réuni et annoté des textes de George Sand, Alexandre Dumas, Jules Janin, Théophile Gautier, mais aussi Charles Rabou, Théophile de Ferrière, Raymond Brucker, Frédéric Mab et Samuel-Henry Berthoud. Autant d'écrits emblématiques des années 1830-1850, période au cours de laquelle la coexistence du musical, du surnaturel et du merveilleux (de « l' étrange » léger au conte noir où dominent les forces occultes) n'aura jamais été si prégnante au sein des lettres françaises. En filigrane apparaissent les silhouettes de Fux, Bach, Beethoven, Mozart, Paganini ou Haydn. [Signalons] l'originalité, la qualité des pièces choisies [...]".

Edith WEBER, L'Éducation musicale, lettre d'information n° 97, novembre 2015 :

"La démarche est neuve, originale et intéressante. Chaque texte bénéficiant d'une minutieuse analyse est situé à la fois par rapport à la production des auteurs et dans ses divers contextes historique et artistique, en tenant compte des mentalités de l'époque en cause. [...] Ce magasin de documents, de lecture agréable (descriptions, dialogues, entretiens), associant littérature et musique sous le signe de l'« alchimie fantastique », permet de dégager la « construction », puis l'évolution de cette notion [le fantastique] pendant deux décennies. [...] Chaque écrivain bénéficie d'une notice ; chaque texte, d'un commentaire explicatif selon différents critères : qualité de la langue, rythme de la narration, thèmes, originalité, emprunts. [...] ces quelque 350 pages si denses de récits démontrent que Musique et Littérature sont étroitement associées, et que — selon les termes de Stéphane Lelièvre, véritable « entrepreneur » au sens du XVIe siècle — : « la première fonction de la musique est d'ordre dramatique ; la seconde est d'ordre symbolique » (Préface, p. 15). Cette publication originale, qui s'impose comme un modèle de démarche approfondie et patiente, a incontestablement le mérite de lancer un nouveau genre : le « récit fantastico-musical »".

Jean-Christophe LE TOQUIN, ResMusica :

Stéphane Lelièvre réalise une anthologie littéraire de référence sur la période romantique, sur un thème doublement rare pour la France littéraire : la musique et le fantastique.

Que ce soit en littérature ou au cinéma, l’élite artistique française n’a jamais accordé au genre du fantastique une réelle reconnaissance, et les oeuvres emblématiques, de la Symphonie Fantastique de Berlioz à la Main du diable de Maurice Tourneur  (film réalisé en 1943), restent des coups d’éclats isolés et sans descendance immédiate. Cette épaisse anthologie « Lettres et Musique, l’alchimie fantastique » sous-titrée  « La musique dans les récits fantastiques du romantisme français », rappelle utilement que le fantastique a fait l’objet d’un véritable engouement littéraire en France, avec un pic d’intensité de 1830 à 1833, et s’est poursuivi de manière déjà plus épisodique jusqu’en 1850.

Au fil de la dizaine de textes qui ont été réunis, on voit les figures de Paganini (diabolique), Liszt (caricaturé) et surtout E.TA. Hoffmann dont l’influence marque quasiment tous les textes de cette anthologie, croqués par des plumes bien oubliées aujourd’hui (Raymond Brucker, Théophile de Ferrière…). On retourne à l’Opéra à Paris durant la Révolution avec Alexandre Dumas (La Femme au collier de velours), on monte sur l’Etna avec George Sand dans un texte de jeunesse, on redécouvre une époque où la musique classique et ses interprètes faisaient partie du paysage culturel et littéraire. Un autre charme de cette anthologie est que la musique savante y est une passion pour laquelle vous pouvez commettre des crimes odieux comme enfermer l’âme de votre mère dans un violon (dans Tobias Guarnerius de Charles Rabou, avec une scène de transfusion digne de Frankenstein), vous consumer jusqu’à la mort (Le Nid de Rossignols de Théophile Gautier, Les Cygnes chantent en mourant de Frédéric Mab, un pseudonyme qui pourrait cacher Hector Berlioz ou Jules Janin), ou simplement vous empêcher de vivre aussi longtemps que vous la refoulez en vous (Carl de George Sand).

Stéphane Lelièvre, spécialiste des relations entre musique et littérature à l’université Paris-Sorbonne,  a réalisé un travail considérable pour présenter et annoter chaque texte, de manière fort érudite. Le résultat est remarquable, on regrettera juste que les présentations n’aient pas davantage privilégié un souci de synthèse, ce qui aurait permis un accès plus aisé à des textes qui sont par nature destinés à un large public.