L’univers de Luis de Pablo, agile et grotesque, étrange, macabre et cristallin, marque un tournant dans l’évolution de la musique espagnole de la seconde moitié du xxe siècle et du début de ce siècle.
Cet iconoclaste, à l’universalisme radical, permit à l’Espagne de renaître artistiquement et de liquider l’encombrant héritage d’une musique nationaliste où paradait une mascarade d’avant-garde de pacotille taillée selon les normes franquistes.
Les lettres de ce propagateur à l’échelle mondiale de la nouvelle musique (Schoenberg, Webern) s’égrènent ici sur plusieurs décennies ; dans une boîte, où une lettre qu’il m’adresse, devient une lettre pour mille autres !
Luis de Pablo est l’auteur d’un catalogue de plus de deux cents œuvres (les plus récentes de 2020), dont « la trajectoire », précise-t-il, va d’un sérialisme avec éléments aléatoires, à une synthèse personnelle – flamenco des soleils, grandes fugues intimes –, dans laquelle se fondent la consonance, les micro-intervalles, la forme libre, la métrique complexe et certaines musiques extra-occidentales.