Quelle musique pour l’hygiène de l’âme et du corps ? pour la grossesse et la prime enfance ? pour le bain ? en cas de fièvre ou de douleur ? après la saignée ? pour soutenir la guérison des pestes ? pour aider à la digestion ou au sommeil, favoriser le commerce sexuel, voire prolonger la vie ? Depuis l’Antiquité, la médecine a souvent abordé ces questions et interrogé l’ambivalence constitutive de la musique, stimulante et sédative, ainsi que sa portée morale.
Dans un essai aussi érudit que virtuose, le musicologue Giovanni Morelli (1942-2011), qui étudia et enseigna aussi la médecine, analyse trois déclinaisons de ce thème séculaire.
Musique et médecine, ou comment, de Homère à Rabelais et à Castor Durante da Gualdo, archiâtre du pape Sixte V, la musique est tantôt un remède contre les maladies, tantôt leur cause.
Musiciens et maladies, ou comment le compositeur, Beethoven, Chopin ou Schumann parmi d’autres, est un corps pathique, que l’on autopsia, que l’œuvre créatrice a depuis fait oublier et qui n’est plus guère traité, sinon par quelques médecins – les musicologues, pour l’essentiel, n’ayant prêté attention qu’à de mythiques infirmités : surdité, tuberculose, syphilis.
Musique et maladie, ou comment la création musicale de la fin du xxe siècle a donné voix aux premiers cas de Sida, aux atteintes d’abord silencieuses des organes, puis aux formes manifestes, abrégées par le mal, des corps infectés et à la chute de leurs défenses immunitaires.
L’essai de Giovanni Morelli, remarquable synthèse, est ici accompagné d’une introduction de Laurent Feneyrou sur la place que la médecine occupe dans la pensée de l’auteur, d’un cahier iconographique et d’un second article, plus bref, de Morelli sur ces thèmes.