La musique s’explique, en voici des variations intimes. Les observations, les critiques, les théories nous plongent dans des spirales où s’entrelacent sans fin le temps de la musique et l’espace des idées. Laissez mijoter les paroxysmes, enrichissez vos frissons, fuyez les rumeurs d’amarres. Car il y a l’ouïe qui, fonctionnant comme la pensée, discerne sons et bruits : un éclat de soleil, ce miroitement mouvant d’une fugue de Bach, le cliquetis vif, léger sur l’ivoire du clavier, ou la magie de l’œuf-caillou, et une impénétrable sensation de bonheur.
Anaclase par Laurent Bergnach
Mettraux2 : Glanés au cours des abondantes et diversifiées lectures du musicologue Jean-Noël von der Weid, des anecdotes délicieuses, des réflexions esthétiques ou philosophiques, des morceaux littéraires, volontiers singuliers voire étranges, extraits de romans, de nouvelles, de journaux intimes et d’essais, sans compter quelques poèmes, constituent un improbable dictionnaire. On y trouvera également de beaux hommages de l’auteur, par exemple à Chopin, Feldman, Scelsi ou Stockhausen, ou encore des fragments de correspondance, telle une lettre de Descartes à Mersenne, discourant de physiologie auditive, ou une douloureuse missive de Schubert à Kupelwieser. Outre la musique, les autres arts ou la philosophie y sont aussi révérés. Le Songe de Poliphile y côtoie les Mémoiresde Saint-Simon, les épigrammes de Martial le Journal des Goncourt ou L’Homme sans qualités de Musil ; on y rencontre Bergson, Montaigne ou Nietzsche aussi bien que Baudelaire, Dostoïevski, Jarry, Proust ou Thoreau. A parcourir cet ouvrage, on éprouvera la joie simple de la découverte et de la surprise ravie.
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