Essai paru en 1938, Les grands cimetières sous la lune de G.Bernanos est une œuvre violente qui veut responsabiliser l’homme face à sa vie, l’Histoire et le surnaturel. D’une écriture engagée, l’écrivain propose un souffle, une inspiration, une exaltation. Peu importe ce qui reste d’une telle lecture pour le compositeur, ce qui compte ici : c’est la simple envie d’agir, de faire.
Même avec désespoir, face à sa vie, à l’Histoire (de la musique) ou au surnaturel, l’envie est de croire, aller de l’avant, faire que « la flamme sifflante fut son linceul ». L’engagement est le simple fait de poser des notes sur du papier ; et puis, il y avait le titre, « Les grands cimetières sous la lune » : de cette promenade nocturne, routes fuyantes au bord de ces mausolées, on trouvera Schubert et des thèmes cachés, masqués, évoqués ; c’est à l’interprète de les retrouver, d’ouvrir le tombeau. Ce seront les lambeaux, l’érosion d’une musique que l’on ose à peine toucher.
Le titre laisse aussi place aux impressions, à la fantaisie sous le ciel étoilé, il n’y a donc pas besoin de barres de mesure ; c’est une errance, avec une certaine liberté car l’interprète peut changer d’allée, enjamber une tombe, profaner (avec raison). Bernanos affirme : « Amère ironie de prétendre persuader et de convaincre alors que ma certitude profonde est que la part du monde encore susceptible de rachat n’appartient qu’aux enfants, aux héros et aux martyrs. »