Qui sont les classiques ? Sont-ils les anciens, les musiciens des temps passés, révolus, que nous faisons vivre par la lecture de leurs œuvres ? Aussi, leur plus noble actualité n’est-elle pas ce don qu’elles suscitent en nous de vouloir rêver, après elles, à de nouvelles œuvres ?
L’histoire de la littérature ou de la philosophie, est moins réticente que la nôtre, l’histoire de la musique aux bibliothèques sacrées, à avouer que les objets d’arts et de pensées se perdent et se retrouvent sans cesse. Pertes et retrouvailles, seuls moteurs des histoires des arts.
Que retenons-nous des classiques ? Des thèmes, des formes, des techniques d’écriture… Autant d’éléments de ce que nous percevons comme un style. Un style que l’analyse s’imagine capter, créant un savoir en tiroirs.
Nombreux de nos anciens furent préoccupés par la question du miroir, objet concret et imaginaire de l’équilibre, des doubles qui ne se ressemblent que de loin ; plus le miroir est fidèle, plus la lumière vient rompre l’image réfléchie.
A ce miroir, j’ai substitué l’idée d’un morceau de verre qui éclate. Hommage aux classiquesémerge de ces éclats de verres, multiples et dissemblables, issus pourtant d’une même source. Chaque couche polyphonique reflète l’autre, la déforme, la précède, l’imite, lui succède… La forme de cette pièce est un souffle, un souffle défait de toute « narration ».
L’œuvre ne raconte rien. Elle n’est qu’un ricochet sur un fleuve d’ancêtres.
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