Écrit à l’abbaye de La Prée dans le cadre propice de sa résidence d’artistes, ce Triptyque propose aussi un voyage à l’auditeur et aux interprètes : de Dieu à l’Homme.
Débutant par deux prières sacrées, le Notre Père en français et le Salve Regina latin, la pièce s’achève par la mise en musique d’un poème du compositeur intitulé « Aux tremblements…», dont le discours traduit le doute humain « déspiritualisé» face au gouffre spirituel :
Aux tremblements et relèves de mer
Le souffle amer du vent ici bas nous répond
[…]
Que n’ai-je ouï dire au pied des terres creuses
Q’un horizon lointain s’approchait de céans
La présence, au fil des trois mouvements, d’abord d’un ténor solo, puis d’une soprano solo en plus du choeur mixte permet aussi au compositeur de différencier l’acte musical narratif de « l’orchestration vocale » au sens propre. Aussi, voyelles modelées et harmoniques, scansion rythmique particulière et recherche de finesse dans l’écriture verticale peuvent ainsi s’épanouir dans l’oeuvre, sans entraves.

Jean-Bernard Collès